Croissance - Anaphase

Aoi Takahashi / Céramique


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  • Matériel

    Céramique émaillée


  • Taille

    38 x 36 x 82 (h) cm


  • Période

    2025


Description

Croissance – Anaphase

L’anaphase, moment clé de la division cellulaire (mitose et méiose), correspond à la séparation des chromosomes, entraînés vers les pôles opposés de la cellule. Cette dynamique de tension et de scission résonne profondément avec la démarche d’Aoi Takahashi, qui explore les processus de croissance, de mouvement et de transformation organique.

Dans cette œuvre, la surface semble animée par un flux intérieur : les fines stries, patientement modelées une à une, évoquent à la fois la texture d’une matière vivante et l’énergie d’un corps en expansion. Par la répétition du geste, l’artiste imprime dans la terre une pulsation vitale, une trace tangible du temps et de l’effort.

Croissance – Anaphase incarne ainsi la continuité entre le microscopique et le cosmique : la cellule en division devient métaphore de l’existence même, de son mouvement incessant entre unité et dissémination.

Aoi Takahashi est née dans la préfecture de Miyagi en 1999 et a été diplômée du département d'art de l'Université de Tsukuba en 2022, avant d'intégrer l'Institut technique de design de Tajimi, où elle a achevé ses études en 2025.

Son travail a été présenté dans New Wind – Design and Expression à Nagoya en 2023, ainsi qu'à Tokyo en 2024. Elle a également été finaliste de la Biennale de la céramique de Taïwan au musée de la Céramique de Yingge à Taipei en 2024.

La série Growing d’Aoi Takahashi se distingue par la présence de longues franges torsadées, façonnées à la main et appliquées sur la surface des œuvres au terme d’un travail patient et répétitif. Par leur mouvement et leur densité, ces franges évoquent à la fois la fluidité d’un flux organique — fourrure, algue ou banc de poissons — et la trace d’un geste méthodique inscrit dans la durée.

À travers ce processus, Aoi Takahashi explore la dimension existentielle du faire : l’endurance, la lassitude, le doute et la persévérance qui accompagnent tout acte de création. Le geste répété devient une forme de méditation sur la continuité de la vie quotidienne, sur la tension entre volonté et abandon.
Son travail s’inscrit également dans une réflexion sur la communication contemporaine et la difficulté d’exprimer fidèlement ce que l’on est. Face à un monde saturé de mots et d’images, où le langage se déforme et s’appauvrit, Aoi Takahashi cherche à rétablir un rapport direct entre le corps, la matière et la pensée. La répétition du geste, le contact prolongé avec la terre, deviennent les moyens d’ancrer dans l’œuvre une forme de vérité sensible, une présence au monde.

Chaque sculpture témoigne du temps accumulé, du poids des heures et des gestes nécessaires à son achèvement. Rien ne peut être accéléré : la terre impose son propre rythme — modelage, séchage, cuisson — et dicte la temporalité de l’œuvre. Ce processus lent et exigeant devient la métaphore d’une vie pleinement consciente de sa durée et de sa fragilité.

En confiant au matériau la mémoire du geste, Aoi Takahashi crée des formes à la fois fragiles et persistantes, traces concrètes d’une expérience intérieure. Ses œuvres invitent à réfléchir à la valeur du temps, à la répétition du quotidien, et à la manière dont la création peut devenir un espace d’attention au réel, une preuve tangible de l’existence.



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