Bois laqué avec maki-e et nashiji
L.42cm, D.36cm, H.15.8cm / L.26cm, D.23.5cm, H.4.7cm
Milieu de l’époque Edo, XVIIIe siècle
Awase-bako pour le ryōshi-bako : “Nashiji Waka-no-ura makie o-ryōshi-bako” Awase-bako pour le suzuri-bako : “Nashiji Waka-no-ura makie o-suzuri-bako”
Ensemble de boîtes avec boîte fixe et boîte avec pierre à encre, au motif “Waka-no-ura”
Les deux pièces représentent des grues sur la rive d’une rivière bordée par des roseaux. Il pourrait s’agir d’un simple décor agréable de prime abord, mais les caractères dissimulés par le laqueur révèlent qu’il s’agit d’un motif inspiré par un waka très connu, le poème traditionnel japonais “Waka-no-ura”.
" La marée est maintenant haute dans la baie de Waka-no-ura et l’avant-pays a disparu. Les grues qui mangeaient se sont maintenant envolées vers les bancs de roseaux en chantant. "
Ce poème a été écrit par Yamabe no Akahito en 1724, alors que l’empereur Shōmu s’était rendu à Waka-no-ura, dans l’actuelle préfecture de Wakayama. Il est consigné dans le Man’yōshū, la plus vieille anthologie des poèmes waka de la période Nara au Japon. Le site de Waka-no-ura devint un lieu incontournable pour rédiger des poèmes waka durant la période Heian et il émouvait les poètes de la capitale.
La technique consistant à suggérer l’origine du waka en en inscrivant les caractères est appelé “ashide” or “ashide-e”. La partie “ashi” du mot “ashide” signifie “roseau” et le “de (=te)” se réfère à la technique. Cette méthode du ashide puise ses racines dans les peintures sur papier qui représentaient des roseaux et des rivages durant la période Heian. Il n’existe pas d’exemple de ashide sur les productions en laque de cette époque, mais il est possible d’en trouver aux périodes suivantes de Kamakura et Muromachi.
Cet ensemble, dans un parfait état de conservation, est un véritable chef-d’oeuvre et il a été réalisé avec différentes techniques de laque. Le taka-makie apporte un effet cubique; le kirikane dépeint l’aspect de la mousse en apposant directement des feuilles de metal doré; le kimetsuke est utilisé pour représenter les trous dans le sol et les rochers, en plaçant des fragments de métal doré sur la surface. Cependant, la technique du nashiji est la plus importante et vient compléter ces pièces pour les transformer en véritable chefs-d’œuvre. Elle recouvre l’intégralité de la pièce, même l’arrière et l’intérieur du couvercle. Les innombrables touches réalisées en variant la densité de la poudre d’or apportent une impression illusionniste marquante. Les gouttes d’eau sont faites à partir de morceaux de minogame (écailles de tortue avec des algues), propices à symboliser la longévité. Les caractères dissimulés sont partiellement séparés de l’ensemble de la composition, et ils sont différents sur la boîte fixe et la boîte contenant la pierre à encre. Lorsqu’ils sont mis côte à côte, les caractères se complètent et reconstituent l’ensemble du poème, parfaitement calculé.